« Je fais fi des stéréotypes et je continue de donner le meilleur de moi ». Voilà la clé du succès de la première rédactrice en chef dans l’histoire du quotidien « Togo Presse, depuis sa création vers 1961-62. Pour notre portrait N°4 du projet « Lucarnes Femmes de Médias », nous allons à la découverte de Blandine Malibida Tagba épouse ABAKI. Discrète, calme et loin des caméras, cette journaliste est l’incarnation de la résilience au féminin.
Qui est Blandine Malibida Tagba épouse ABAKI ? Comment s’est-elle imposée dans l’univers de la presse togolaise ? En tant que femme de médias, quels sont ses défis au quotidien ? Comment est-elle parvenu à gravir les échelons malgré son attitude discrète ? Ce portrait vous livre des éléments de réponses édifiantes sur le parcours impressionnant de la Vice-présidente de l’Association des Femmes Professionnelles des Médias du Togo (AFPM-Togo).
Quand l’audace fusionne avec l’apprentissage
Blandine Malibida Tagba-Abaki est un produit du Collège Chaminade de Kara, où elle obtient son baccalauréat série A4 en 1997. Elle poursuivit ses études à l'Université de Lomé à la Faculté des lettres et sciences humaines pour décrocher sa maîtrise en 2004. Bien qu’en activité, la journaliste ne s’arrête pas.
D’où son retour sur les bancs entre 2008-2009 pour sortir avec le Diplôme d’Études Approfondies (DEA). La quarantaine, le parcours professionnel de la femme de média débute en 2005 par un stage à la Société Nationale des Editions du Togo (EDITOGO) en tant que pigiste pour le quotidien « Togo presse ».
Contrairement au code du travail qui exige une intégration automatique après six (06) mois de stage, il a fallu à notre brave journaliste onze (11) mois de stage concluant. La patience et l’endurance finirent donc par payer. En début 2006, elle intégra l’équipe de rédaction en tant qu’agent permanent.
En 2014, Blandine Tagba fut donc nommée au poste de « Chef desk Femme et Société ». Poste de responsabilité qu’elle assuma jusqu'en 2022 où elle décrocha le sésame, « Rédacteur en chef », titre réservée majoritairement aux hommes, surtout dans les rédactions de presse écrite.
Les dessous de cette ascension fulgurante
Être la première femme rédactrice en chef d’un quotidien étatique, ne peut qu’impressionner. Mais, il n’y a aucun doute que des interrogations puissent se poser sur les dessous de cette réussite professionnelle. Face à ces suppositions, Blandine reste ferme.
« Mes stratégies sont simples. Je fais fi des stéréotypes et je continue de donner le meilleur de moi », confie-t-elle à l’équipe coordonnatrice du projet. « Je respecte tout le monde, du plus grand au plus petit et je recadre quiconque veut défier mon autorité. Je m'impose avec mes connaissances et mon travail », a-t-elle poursuivi.
Pour la femme de média, l’ouverture d’esprit, le respect et la confiance en soi, le dialogue ainsi que la rigueur sont des valeurs pratiquées au quotidien. « J'ai passé des moments palpitants, instructifs, mais aussi très stressants », confesse la REC.
De ce fait, Mme Blandine Malibida Tagba-Abaki interpelle sur son engagement et le travail bien fait. « C’est ma passion, ma détermination, mon courage et ma volonté de bien faire mon travail qui m'ont porté à mon poste actuel. Je ne refuse aucun travail et je le fais du mieux que je peux », explique la femme de média.
Toujours forte malgré les défis qui s’imposent aux femmes dans les médias
Les femmes sont confrontées à d’énormes défis dans l’univers médiatique, dominé par les hommes. Pour y exceller et gravir des échelons en tant que femme, il doit falloir s’imposer et faire preuve d’un courage inégalé.
Parmi les multiples défis, Blandine retient particulièrement la pratique des stéréotypes sur les femmes et l’ignorance des ordres donnés par la gent féminine. « Je suis rédacteur en chef et la première dans l'histoire de Togo presse qui a été créé depuis 1961-62 », s’est-elle félicitée.
« Je suis dans la quarantaine d'âge alors qu'il y a mes devanciers, des gens qui m'ont appris le métier qui n'ont pas eu le privilège d'occuper un poste de responsabilité. Donc, il y a de quoi penser qu'en tant que femme, j'aurais vendu mes faveurs pour avoir mon poste. Certains m'ont surnommé "enfant chef" ce qui dit beaucoup de choses », déplore la journaliste.
Pour elle, la femme togolaise doit rattraper son retard en commençant par la formation et le développement des aptitudes professionnelles et personnelles. « Se former, se cultiver, se munir de courage, de volonté, de détermination et de persévérance. Il faut se faire respecter par son attitude, sa manière de vivre. Bref, il faut donner l'exemple », a-t-elle conseillé.
Un engagement social et une vie familiale pleinement épanouie
Blandine Malibida Tagba-Abaki est une épouse et mère de famille qui a réussi à maintenir un équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle. « J'ai eu le métier que j'ai voulu et une famille qui m'inspire à aller toujours de l'avant », s’est-elle réjouie.
Bien que discrète, la femme de médias est très active quand il s’agit de défendre des causes communes ou d’apporter sa pierre pour la mise en œuvre des projets sociaux. « L'égalité homme-femme », est le sujet essentiel qui la passionne.
Aussi, l'inclusion des enfants handicapés mentaux ou intellectuels est une cause qui la tient énormément à cœur, car avoue-t-elle, « je suis mère d'un fils autiste qui peine à se scolariser ». Aux femmes professionnelles de médias, la VP de l’AFPM-Togo appelle à plus de solidarité et d'entraide.
Pour Blandine, pas question que ses consœurs se laissent influencer par le regard machiste de la société qui voudrait que toutes les femmes soient casées dans les foyers avec mari et enfants. « Si vous en trouvez c'est parfait, si vous n'arrivez pas à accéder à cela ce n'est pas grave », a-t-elle lancé.
Mais, poursuit la journaliste, si vous avez une famille trouvez du temps pour elle. « Faites tout pour trouver un équilibre entre votre carrière et votre vie familiale ».
Malgré ses diplômes et sa position au sein de la corporation, la doyenne ne compte pas s’arrêter. Son ambition c’est de soutenir sa thèse de doctorat et décrocher un master en journalisme. Puisque l’assainissement du secteur et le professionnalisme des acteurs, lui tient énormément à cœur. Christelle Agnindom