A l’apothéose des retrouvailles du clan Nintché, les valeurs ancestrales en voie de disparition ont été valorisées le dimanche 27 février 2023 à Bowounda, village situé à une dizaine de kilomètres à l’est de Sokodé dans la commune Tchaoudjo 1. Le thème choisi pour cette biennale est « Les Nintché unis pour défendre notre patrimoine culturel et cultiver l’esprit de la cohésion sociale avec toutes les communautés sœurs d’ici et d’ailleurs ».
Le village de Bowounda a accueilli les fils, filles, neveux et nièces Nintché du Togo et d’ailleurs. Très tôt le matin, certains membres de la communauté étaient habillés en pagnes à l’effigie de leur clan, la couleur bleu dominant, d’autres encore exhibent leur Tembissao (pagne traditionnel) pour l’occasion. Ces retrouvailles ont été une occasion pour cette communauté d’échanger sur les difficultés qui empêchent le développement du village et de mener des réflexions pour son évolution.
Les membres ont aussi invoqué la clémence et la protection d’Allah sur tout le village, ont prié pour le maintien de la paix au Togo. Les danses traditionnelles, la dégustation des mets locaux, les déclamation des contes et proverbes ont permis à la génération actuelle de prendre connaissance des pratiques de leurs ancêtres.
Plusieurs interventions des chefs de villages et cadres du milieu ont permis d’attirer l’attention des jeunes sur la lutte contre l’extrémisme violent. Ils ont invité les jeunes à éviter le gain facile et opter pour la formation professionnelle pour être financièrement autonome. Les orateurs ont invité la communauté Nintché à dénoncer tout acte suspect aux chefs des villages afin d’éradiquer ce fléau du pays. Ils ont exhorté la population à la cohésion sociale, au vivre ensemble
Cette fête des retrouvailles des Nintché a été clôturée par la finale d’un tournoi de football tenue l’après-midi de ce dimanche. La finale a opposé les équipes des villages de Kemeni et de Alibi. C’est l’équipe de Kemeni qui a remporté la finale lors des tirs au but. Elle a décroché le trophée dénommé Aladji Adam Kpassoadè (ancêtre des Nintché de Kpassoadè).
Histoire de la communauté Nintché
En provenance du Ghana précisément à Bimbila dans la Chamba’s Région, les ancêtres des Nintché ont fait une escale commune à Bitchabé dans la préfecture de Bassar qui partage la similitude de la langue Atcham avec les Nintché installés géographiquement dans la préfecture de Tchamba. Ce qui est unanimement admis est l’installation du patriarche ATCHA au village Alibi comme un berceau du clan et un peu plus tard l’aîné AFFO à Koutchoni (entendu dans la forêt) dans la préfecture de Tchamba.
Les ancêtres Nintché furent connus comme de grands chasseurs. Pour célébrer leur bravoure, on les honorait par l’expression « Gaou » et du retour de leur expédition, ils étaient accueillis par le terme Ninsè qui signifie bienvenue et dont la déclinaison donne « Nintchè Gao ».
Une première dislocation entraine l’émigration des Nintché vers Krikri et tous les autres villages Nintché actuels dans la préfecture de Tchaoudjo en raison de la rareté du gibier. Certains ont dû explorer d’autres espaces d’où l’occupation de nouveaux territoires donnant naissance aux villages de Kpassouadè, Kemeni, Bowounda, Afadadè et Kédia.
Aujourd’hui, on retrouve la communauté Nincthé dans la préfecture de Tchamba précisément dans les cantons de Alibi et Adjeidè ; dans les villages de Koutchoni et de Alibi 2. Dans la préfecture de Tchaoudjo, les Nintchés sont à Kemeni Kpassouadè, Afadadè, Afadadè Nima, Bowounda et Kedia. La communauté Nintché est installée aussi à Bakabaka au Bénin où règne un chef Nintché et au Ghana. Alafiakultur