Les peuples Lamba, Tamberma et Gangan ont renoué avec leur culture à l'apothéose de la 38e édition de leur fête traditionnelle des moissons et d’initiation « Tislim-Difoini-Oboudam », le samedi 11 mars 2023 à Kandé dans la commune Kéran 1.
« Tislim-Difoini-Oboudam » est célébrée dans la première quinzaine du mois de mars et se veut une fête des moissons et d’initiation. C’est une occasion de retrouvailles entre fils et filles de la Kéran pour se ressourcer, renforcer les liens fraternels et discuter des problèmes de développement du milieu. Un développement au centre duquel la culture doit demeurer un pilier indispensable. La célébration de cette édition est placée sous le thème « La culture Lamba-tamberma-gangan face aux enjeux du développement de la Kéran ».
« Tislim » en Lamba signifie « boisson pour invoquer la pluie » et « Ouboudam » est une fête du peuple Gangan. Ce sont des moments d’invocation aux dieux de la terre et aux mânes des ancêtres pour l’abondance des récoltes, les grâces reçues durant l’année et pour une bonne récolte la saison suivante. A cette occasion, la boisson locale le « Tchoukoutchou » coule à flot et les ancêtres et les vivants boivent à leur guise.
« Difoini » est un puisant moyen de transmission des valeurs et traditions séculaires propres au peuple Temberma. C’est une cérémonie d’initiation du jeune garçon Otammari marquant le passage de l’adolescence à l’âge adulte, et validé par des épreuves d’endurance, de résistance physique, morale et spirituelle en vue de le préparer à affronter la vie. Ainsi on lui apprend la force de caractère, les privations, le courage et la témérité. C’est à cette condition seulement qu’il pourra intégrer le monde des adultes.
« Tislim-Difoini-Oboudam » est donc un tryptique de brassage et de concorde interculturelle de ces peuples, un facteur de paix et de cohésion sociale. Elle symbolise ainsi le multiculturalisme compris comme la valorisation et la promotion de la diversité culturelle au sein de la communauté.
A l’apothéose au stade de Kandé, l’assistance à assister au passage des groupes folkloriques de la préfecture de la Kéran. Les membres de ces groupes, avec des accoutrements spéciaux pour la circonstance, ont démontré leur savoir-faire à travers les prestations de leurs danses traditionnelles. Des échantillons des récoltes ont été présentés au public et celui-ci a eu droit à la dégustation des mets locaux.
Le ministre en charge de la Culture, Kossi Gbényo Lamadokou a rappelé que « Tislim-Difoini-Oboudam » est un très bel exemple d’acceptation mutuelle et de dépassement de soi. « Soyez-en fiers car c’est ainsi que vous éloignerez de votre merveilleux paysage touristique, les germes de division qui pourront saper l’élan de création de richesse dans votre localité », a-t-il dit.
« La célébration des fêtes traditionnelles revêt un double caractère, à savoir une communion entre les filles et fils partageant un terroir et une occasion d’affirmation de l'identité culturelle du même terroir. Cette fusion d’esprit autour de l’identité culturelle d’un espace géographique, constitue un moment privilégié pour revisiter l’histoire commune afin d’en faire une véritable rampe de lancement du développement harmonieux des sociétés », a renchéri le ministre.
Le président du comité d’organisation, Karango Yaka Antoine a, au nom de la jeunesse de la Kéran, sollicité la construction et l'équipement d'un centre culturel à Kandé pour leur permettre de se réunir afin de réfléchir au développement de leur préfecture. Il a souligné qu’en prélude à cette célébration, chaque canton s’est acquitté de son devoir par l’entremise des prêtres traditionnels en apportant les prémices des récoltes, la boisson locale et quelques volailles dans les sanctuaires pour le rituel. Selon M. Karango, cette étape décisive marque le début des cérémonies et des funérailles traditionnelles.
Depuis 2016, « Tislim-Difoini-Oboudam » suit un cycle rotatif dans les cantons et la 39e édition aura lieu dans un canton des communes Kéran 1 et 2. Farrida OURO-ADOÏ
