Lomé, 4 Septembre 2024 - Les dix cantons de la préfecture de Haho, dans la région des Plateaux se préparent activement pour la célébration de la fête traditionnelle Agbogboza, le jeudi 5 septembre. L’apothéose est prévue le samedi 7 septembre à Notsè, « le berceau du peuple Ewé ».
Située au sud du Togo, avec une population estimée à 305 096 habitants au 5e Recensement de la population et de l’habitat (RGPH-5) en 2022, la préfecture de Haho compte quatre (4) communes. Sa superficie est de 3051 Km2 avec une densité de 99,98 habitants au Km2. Elle est limitée au Nord par la préfecture de l’Ogou, la région Maritime au Sud et la préfecture de Moyen-Mono à l’Est. Zone de pleines et de vallées, les femmes sont estimées à 157.067 soit 51% de la population. Les hommes estimés à 148.029 habitants tiennent 52% de l’économie des communes.
Jeudi de conclave
Au menu de la célébration, consultation de l’oracle à « Agbogbodji », le jeudi 5 septembre, ou « Jeudi de conclave » : les fils et filles Ewé vont se ressourcer sur le site « Agbogbodji » où seront déclamés le message des oracles relatifs à la sécurité, l’employabilité des jeunes et des femmes, l’amour, la solidarité et la paix.
Pour le chef canton de Dalia dans la commune Haho1, Togbui Amégnona Kossi Adako II, « C’est une circonstance solennelle qui interpelle le peuple Ewé. Très tôt le matin du jeudi 5 septembre, le tam-tam parlant annonce la sortie des Alaga qui sont nos éclaireurs. Ils vont tous se consacrés à la prière, au recueillement et à l’invocation des ancêtres pour la protection. Le 1er jeudi de septembre est dit « Jeudi de conclave ».
La genèse du peuple Ewé
Les origines des peuples Ewé remontent à plusieurs sources et suscitent des réflexions sur les différentes versions qui balisent la voie à la découverte. Parmi les grandes sources de la genèse du peuple Ewe, la Bible même est citée. Les peuples d’Afrique et d’ailleurs ont aussi migré vers Notsè, « berceau de peuple Ewe », pour former une race homogène.
« L’exode des peuples vers les zones vides ou inhabitées du continent africain a permis aux différentes communautés qui tirent leurs origines de l’Asie mineure, de créer alors leurs propres empires, notamment les empires de Nubie, du Soudan et du Ghana. Beaucoup de chercheurs et d’historiens reconnaissent que les communautés noires qui peuplent le Sud du Sahara à savoir la « Nubie », le Soudan, le Tchad, étaient partis soit de l’Egypte, soit de la Jordanie, ou de l’Irak. Par affinité linguistique, ces communautés noires ont fait mouvement vers tous les horizons : à l’ouest, au centre, à l’Est et au Sud de l’Afrique. Parmi ces communautés, il y avait le peuple « Ewé ». De Babylone, en passant par la vallée du Nil, la Nubie, le Soudan, le Tchad, le peuple Ewe est arrivé à Oyo au Nigéria et à Kétou au Bénin puis à Tado et à Notsè au Togo où il s’est installé », confie Ewefiaga Togbui Agokoli IV, l’actuel chef canton de Notsè.
La muraille d’Agbogbo
Il est très difficile de comprendre la pensée du chef Agokoli 1er dans la construction d’une muraille d’épaisseur inouïe sur des kilomètres. Les premiers aïeux des peuples Ewé ont-ils été si ingénieux au point d’ériger des murs qui parlent à travers des siècles. Ewefiaga Togbui Agokoli IV, chef canton de Notsè explique : « D’un périmètre de 16 km, d’une hauteur de 6 mètres et d’une épaisseur de 3 mètres, la muraille d’Agbogbo entourait le royaume. Il n’est pas facile de déterminer le temps utilisé pour construire cette muraille. Elle est équipée de portails pour faciliter les entrées et les sorties des habitants. Ces portails étaient bien gardés. La construction de la muraille avait pour but de protéger les populations contre les envahisseurs et contre toutes autres formes de dangers. L’érection de cette forteresse était justifiée par des raisons sécuritaires, économiques, et aussi par des motifs de prestige ». Le chef canton souligne que « le rôle économique de cette forteresse était très utile pour le contrôle des entrées et sorties des habitants, la circulation des biens, et toutes sortes des produits soumis aux divers taxes ».
La construction de la muraille présente une cause cachée selon Ewefiaga Togbui Agokoli IV. « Il s’agit d’empêcher les administrés de quitter volontairement le royaume pour s’installer ailleurs. Aujourd’hui les vestiges de cette muraille existent. Des projets et initiative visant sa reconstruction se poursuivent afin d’éviter les dégradations qui ont réduit la hauteur de cette muraille à deux ou trois mètres », a relevé Togbui Komédja V, chef de quartier d’Agbaladomé (Commune Haho1).
Un monument évocateur du peuple Ewé érigé à Notsè
Cette représentation attrayante et pleine de symbolisme signifie entre autres, l’union et le vivre ensemble après les moments douloureux qui ont jalonnés le règne de Togbui Agokoli. Elle appelle tous les fils et filles de Haho à l’opportunité entrepreneuriale et la reconstruction d’une ville prospère dans tous les domaines particulièrement l’union avec les ancêtres « Nous sommes tous redevables à nos pratiques ancestrales », a dit le chef du quartier d’Adimé Wovedome, Togbui Afamwoubo III.
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Pour le chef canton de Dalia (commune Haho1), Togbui Amégnona Kossi Adako II « le monument reste, dans la mémoire des peuplés Ewé de Haho et d’ailleurs, un rituelle de libation et d’invocation des oracles qui marquent le début la célébration des retrouvailles du peuple Ewé le 1er jeudi de septembre à Agbogbodji ». Plusieurs personnalités sont attendues, notamment les représentants du président de la république, les membres du gouvernement, les responsables des institutions de la république, le 1er vice-président de l’Union Eweto, chef canton de Bè, Togbui Aklassou et de Sa majesté Ewéfiaga Togbui Agokoli IV, les chefs traditionnels et les populations de Haho. Atop