L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a organisé les 17 et 18 août 2023 son premier sommet mondial sur la médecine traditionnelle, en marge d’une réunion des ministres de la santé du G20, à Gandhinagar, en Inde. Il est organisé conjointement par l’OMS et le gouvernement indien, qui assure la présidence du G20.
Ce sommet est une plate-forme permettant à l’ensemble des parties prenantes, y compris les agents de la médecine traditionnelle, les utilisateurs et les communautés, les décideurs nationaux, les organisations internationales, le milieu universitaire, le secteur privé et les organisations de la société civile, de partager les meilleures pratiques et les bases factuelles, les données et innovations révolutionnaires sur la contribution de la médecine traditionnelle à la santé et au développement durable.
Pendant des siècles, la médecine traditionnelle et complémentaire a été une ressource intégrale pour la santé dans les ménages et les communautés. C’est aux frontières de la médecine et de la science qu’elle a jeté les bases des textes médicaux conventionnels. Environ 40 % des produits pharmaceutiques sont désormais à base d’un produit naturel, et les médicaments phares proviennent de la médecine traditionnelle, y compris l’aspirine, l’artémisinine et les traitements contre le cancer de l’enfant.
De nouvelles recherches, notamment sur la génomique et l’intelligence artificielle, font leur entrée dans le domaine, et il existe des industries en croissance pour les médicaments à base de plantes, les produits naturels, la santé, le bien-être et les voyages connexes. À l’heure actuelle, 170 États membres ont dressé un rapport à l’OMS sur l’utilisation de la médecine traditionnelle et ont demandé des bases factuelles et des données en vue d’éclairer les politiques, les normes et la réglementation pour son utilisation sûre, rentable et équitable.
Qu'appelle-t-on médecine traditionnelle ?
Selon l’OMS, est médecine traditionnelle l'ensemble « des connaissances, compétences et pratiques que différentes cultures, comme les autochtones, ont utilisées au fil du temps pour préserver la santé et prévenir, diagnostiquer et traiter les maladies physiques et mentales. » La médecine traditionnelle regroupe plus de 400 pratiques différentes, telle que l’aromathérapie, visant à utiliser des mélanges à base de plantes, l’ostéopathie, l’hypnose, l’acuponcture ou encore le yoga.
Dans un récent rapport, l’OMS rappelle les apports de la médecine traditionnelle dans les produits pharmaceutiques utilisés aujourd’hui. « 40 % des produits pharmaceutiques autorisés utilisés aujourd’hui sont issus de substances naturelles. » Elle cite notamment l’aspirine, découverte grâce à des formules de médecine traditionnelle utilisant l’écorce de saule ou la pilule contraceptive, mise au point à partir des racines de l’igname sauvage. « La médecine traditionnelle peut jouer un rôle important et catalyseur dans la réalisation de l'objectif de la couverture sanitaire universelle et des cibles mondiales liées à la santé qui accusaient un retard avant même les perturbations causées par la pandémie de COVID-19 », a affirmé le directeur de l’organisation, Tedros Ghebreyesus,.
Une approche qui aurait le mérite de remettre en question certaines pratiques anciennes ou culturelles. « Il conviendrait d'appliquer les mêmes normes rigoureuses à faire progresser la science sur la médecine traditionnelle qu'à d'autres domaines de la santé. Pour ce faire, il faudra sans doute repenser les méthodologies afin de tenir compte de ces approches plus globales et contextuelles et de fournir des données suffisamment concluantes et solides pour aboutir à des recommandations politiques », analyse John Reeder, du Département Recherche pour la santé.
En réponse à cet intérêt et à cette demande accrus au niveau mondial, l’OMS, avec le soutien du gouvernement indien, a créé en mars 2022 le Centre mondial OMS pour la médecine traditionnelle en tant que centre de connaissances dont le but est de mobiliser la sagesse ancienne et la science moderne en faveur de la santé et du bien-être des populations et de la planète. Le Centre mondial OMS pour la médecine traditionnelle contribue au renforcement des capacités existantes de l’OMS dans le domaine de la médecine traditionnelle et complète les fonctions essentielles de l’Organisation en matière de gouvernance, de normes et de soutien.
Les activités de ce entre concernent essentiellement le partenariat, les bases factuelles, les données, la biodiversité et l’innovation afin d’optimiser la contribution de la médecine traditionnelle à la santé mondiale, à la couverture sanitaire universelle et au développement durable. Par ailleurs, le centre est guidé par le respect des patrimoines, des ressources et des droits locaux. Farrida OURO-ADOÏ