Par Farrida OURO-ADOÏ
Elle s’appelle Maïmouna, la quarantaine, est à son premier bébé après plusieurs années d’attente. Ayant accouchée par césarienne, la sage-femme lui conseille une planification adaptée à sa situation tout en lui expliquant les effets secondaires liés à tous les types de contraception. Elle a le choix entre la multitude de contraceptions pour éviter les grossesses non désirées. Maïmouna décide de ne pas utiliser la planification familiale. Elle explique « j’ai espéré 10 ans pour avoir mon premier enfant. Je ne vais pas courir le risque. Je ne vais pas faire de planification familiale. Mon mari n’étant pas sur place, je crois pouvoir gérer l’espacement des enfants avec l’utilisation régulière du préservatif. Je dis non ! ».
Amida est mère d’un enfant. Elle a opté pour l’injection, il y a 2 ans 6 mois. Elle espère sa seconde grossesse depuis 6 mois, malgré les multiples consultations. Elle regrette la planification familiale et se confie, disant « mon mari a refusé le préservatif, sinon je n’allais pas faire la planification familiale. J’ai arrêté la planification familiale, mais rien jusqu’aujourd’hui. Je prie Dieu pour avoir une nouvelle grossesse le plus vite ».
Contrairement aux deux premières femmes, Azouma a 30 ans et est mère de 3 enfants avec des espacements qui varie d’un (1) à deux (2) ans. Après son troisième bébé, elle décida de choisir une planification familiale. Son choix est le DIU ou le stérilet pour faire une pause.
Aïcha a 25 ans et est musulmane. Son conjoint lui interdit la planification familiale. Elle pense qu’elle a besoin de respirer après 4 enfants, le premier ayant 7 ans. Aïcha passe clandestinement voir un service de planification familiale pour l’aider. Comme Azouma, elle accepta l’utilisation d’un stérilet qui est la meilleure décision selon elle. Son carnet de planification familiale est gardé chez la sage-femme pour éviter des problèmes avec son conjoint.
Comme Maïmouna, Amida, Azouma et Aïcha, au Togo nombreux sont ces femmes qui font face à ces situations après leur premier geste. Les effets secondaires, les préjugés, les contraintes familiales, accusées d’infidélité et par peur de ne plus avoir d’enfants, amènent certaines femmes à être réticentes dans le choix d’une technique de planification familiale. Les spécialistes rassurent sur l’utilisation des méthodes contraceptives.
Avis des professionnelles de santé
L’association des sages-femmes du Togo (ASSAFETO) sensibilise les femmes qui sont dans cette situation pour l’espacement de leurs naissances. L’ancienne présidente de l’association, Mme Héloïse ADANDOGOU D’ALMEIDA donne son avis sur la planification familiale « la planification familiale aide les couples à gérer de façon responsable leur vie sexuelle et reproductive. Les méthodes contraceptives contribuent à la gestion de la reproduction, permettant l’espacement des naissances et ne sont pas efficaces à 100 %. Elles offrent cependant une large couverture sécurisant l’espacement des naissances et la prévention des grossesses non désirées ». Mme ADANDOGOU D’ALMEIDA donne des éclaircissements sur les idées reçues et les effets secondaires. « Les effets secondaires sont facilement pris en charge dès lors que la méthode administrée a tenu compte des critères d’éligibilité ». Elle conseille aux femmes de se faire consulter à la clinique de la maison de la sage-femme pour plus d’explication.
La sage-femme Léa KENOU donne des informations sur la santé de la mère et de l’enfant. Elle partage régulièrement sur ses pages, des témoignages des femmes et conseils pour une contraception, une vie de foyer et de mère réussies. Un tour sur ses pages Facebook et LinkedIn, nous impressionne.
Mme KENOU invite les hommes à un changement de comportements et à comprendre la femme enceinte et après son accouchement. La sage-femme conseille les couples à communiquer sur le nombre d’enfants à avoir au début de leur relation. Un de ses témoignages évoque le cas d’une dame, malgré ses quatre grossesses compliquées avec une hypertension artérielle, 4 césariennes et une santé fragile, elle n’a pas la main libre pour choisir une contraception. C’est son conjoint qui a le dernier mot peu importe son état de santé.
La sage-femme Léa KENOU explique qu’après des grossesses précoces rapprochées (2 ou 3), elle conseille les méthodes contraceptives suivant l’état général de la patience car chaque femme avec la méthode qui lui sera bonne. Elle précise que « mais souvent les femmes font ce qui leur convient. On ne peut jamais forcer une femme à adopter une méthode contraceptive ». Parlant des effets secondaires, elle pense qu’il y en a toujours, mais heureusement qu’il y a de mesures pour les contrecarrer.
Des organisations internationales pensant au bien-être des femmes ont signé un accord dénommé le Partenariat de Ouagadougou en vue de réduire la mortalité maternelle, néonatale et infantile.
Zoom sur le Partenariat de Ouagadougou
C’est pour remédier à toutes ces situations et améliorer l’accès des femmes de l’Afrique francophone à la Planification familiale que le Partenariat de Ouagadougou a été lancé en février 2011, à Ouagadougou, au Burkina Faso. Il mise sur l’engagement des gouvernements, une meilleure coordination entre les bailleurs de fonds pour optimiser leurs soutiens aux pays, une accélération de la mise en œuvre des interventions à haut impact et également sur une collaboration et coopération sur les plans national et régional, pour remédier au taux élevé des besoins non satisfaits en matière de planification familiale. Le Partenariat de Ouagadougou compte neuf pays membres : Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo.
Ce Partenariat a pour vision, une Afrique de l’Ouest francophone où un accès facile à la planification familiale de qualité sauve et améliore la vie des femmes et des jeunes et sert de catalyseur pour un développement durable pour tous.
NB : Maïmouna, Amida, Azouma et Aïcha sont des noms d’emprunts.