Education : les CLAC au service de la promotion de la lecture publique

« Lire n’est pas nécessaire pour le corps, seul l’oxygène l’est, mais un bon livre oxygène l’esprit », dixit Dany Laferrière. L’accès à l’écrit et la maitrise de la lecture ont un impact essentiel sur l’éducation, le développement social et l’exercice de la démocratie. La lecture publique (c’est-à-dire l’accès aux ouvrages, aux journaux et à l’information en général) représente donc un enjeu majeur dans les pays en développement. Elle vient compléter les politiques d’éducation ou  d’alphabétisation, en permettant quotidiennement d’accéder au savoir, mais le livre demeure rare et inaccessible dans la majorité des pays francophones en développement.

C’est pour pallier à ses insuffisances qu’en 1986, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a mis en place le programme des Centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC), afin de répondre aux besoins des populations situées en milieu rural. Ce programme a permis à ce jour d’implanter plus de 321 CLAC dans 21 pays d’Afrique, de l’Océan Indien, de la Caraïbe et du Proche-Orient. Depuis 2003, il a évolué en un véritable programme d’appui aux politiques nationales de lecture publique.

Le CLAC Aneho

Les CLAC sont majoritairement implantés en zones rurales et quelquefois dans les banlieues populaires de grandes villes. Ils sont des bibliothèques publiques et des centres culturels de proximité. Ils favorisent le désenclavement des communautés bénéficiaires en permettant l’accès aux livres et aux moyens modernes de communication. Un CLAC regroupe une bibliothèque, une salle polyvalente où se déroulent des animations culturelles et un équipement audiovisuel et informatique. Il est susceptible de répondre aux besoins d’une communauté de 5 à 25 000 personnes.

  • A l’ouverture, tout CLAC est équipé de 2 500 livres pour les prêts, reliés pour résister à une utilisation intensive et à des conditions climatiques souvent difficiles ; des journaux et des revues locales et internationales ; plus de 50 jeux de société et de jouets éducatifs ; une cellule pédagogique comprenant des outils didactiques et des ouvrages de méthodologie pour les enseignants ; du matériel audiovisuel : parabole, téléviseur, projecteur vidéo, films et sonorisation, des capteurs solaires et une connexion internet.

Les CLAC au Togo

Depuis 1978, l’Etat togolais a institué et rendu fonctionnel, le réseau des bibliothèques de lecture publique pour desservir les populations sur toute l’étendue du territoire national. Ce réseau qui s’est étendu de 1987 à 2008 grâce à la Coopération française, compte à ce jour 66 bibliothèques sur l’ensemble du territoire national.  

Inauguration du CLAC d'Aneho

Le 5 décembre 1997, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) passe un accord de partenariat avec le pays qui institue, à partir de 2000, l’implantation d’un autre réseau de mise à disposition de livres, à travers les CLAC. Selon les termes de la Convention du 5 décembre 1997 qui régit ce programme, la responsabilité d’entretien des locaux, de payement des frais d’eau, d’électricité et de quelques salaires des agents incombent aux autorités et collectivités locales des lieux d’implantation. L’Etat et l’OIF assument également leurs parts de charges.

Jeu de dames à Aneho

Le responsable national, chargé de la promotion, du développement et de l'extension des CLAC au Togo, Kodjo Cyriaque NOUSSOUGLO explique que le Togo enregistre à ce jour 12 CLAC notamment à Aného, Badougbé, Kévé, Agou, Atakpamé, Badou, Notsè, Sotouboua, Sokodé, Tchamba, Pagouda et à Pya. Il souligne néanmoins que le gouvernement togolais compte en implanter 8 autres d'ici la fin de l'année à Tohoun, Amou-Oblo, Kpalimé, Danyi-Apéyémé, Kpété-Béna, Anié, Défalé et à Mango

L’installation des CLAC dans une localité à un impact sur l’éducation des élèves. Selon M. NOUSSOUGLO, des études ont montré que là où s'installe un CLAC, les résultats scolaires des jeunes s'améliorent. « Ils participent au désenclavement du milieu par l'ouverture au monde grâce aux livres physiques et numériques, mais aussi à la télévision câblée et à la circulation des spectacles. Le CLAC contribue à la cohésion socio culturelle ; sert de lieu d'information, de formation, de jeux et des loisirs et accueille les formations, les spectacles et réunions », précise le responsable national des CLAC.

Quelles sont alors les conditions pour bénéficier d’un CLAC ?

Pour bénéficier d’un CLAC, il faut qu’une ville ou localité adresse une demande au ministre de la Culture et du Tourisme ; dispose d’un complexe socio-culturel clôturé et sécurisé comprenant au minima, une salle de lecture (bibliothèque) de 100 à 120 m² et une salle d’animation culturelle de 100 à 120 m² également. Ces salles doivent être équipées de mobiliers : chaises, étagères, tables et la localité. Cette communauté doit être capable de payer les frais d’électricité, d’eau, d’entretien des bâtiments et de prendre en charge les salaires d’un ou de plusieurs animateurs et d’un gardien.

« La collectivité peut faire la demande au ministre de la culture pour bénéficier de services de fonctionnaires pouvant être affectés pour gérer le CLAC. Elle a le droit de mobiliser des partenaires autres que la Francophonie pour l’accompagner dans la pérennité du projet », souligne M. NOUSSOUGLO.

Installé dans une ville, un CLAC devient la propriété de la ville. L'eau, l'électricité et des charges du personnel ou d'entretien reviennent aux autorités locales. L'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et le ministère de la Culture et du Tourisme s'occupent de l’équipement, du suivi et de la formation du personnel. Il s’agit d’un fonctionnement tripartite entre la collectivité locale, le ministère de la Culture et l'OIF. Farrida OURO-ADOÏ

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