La 59e édition de la fête traditionnelle du grand Bassar (Bassar et Dankpen) D’pontre/n’nidak a connu son apothéose le samedi 9 septembre à Bassar. Thème « Vecteur de cohésion des filles et fils du grand Bassar pour un développement inclusif ».
D’pontre/n’nidak signifie littéralement « gouter à la nouvelle igname ». Cette dégustation est faite en premier lieu par les forces de l’univers qui autorisent désormais le commun des mortels à consommer en toute quiétude la nouvelle igname. Il s’agit d’une cérémonie de reconnaissance et de remerciement aux différentes forces cosmiques pour la protection et l’abondance des moissons.
Cette activité culturelle est également la commémoration des morts qui veillent constamment sur les vivants et les procurent tout ce qui leur est nécessaire pour vivre heureux. C’est pour les peuples bassar et konnomba une entéléchie de purification dans la fraternité, l’abondance et la cohésion sociale. D’pontre/n’nidak a pour mission de concourir à la préservation des traditions et la transmission des pratiques culturelles pour contribuer à accroître le sentiment d’appartenance à la communauté. Cette fête est une occasion pour ce peuple de faire valoir ses richesses culturelles et savoir-faire.
Les différents groupes folkloriques des préfectures de Bassar et de Dankpen ont démontré leur identité culturelle aux autorités, à la communauté et aux invités qui ont massivement fait le déplacement du stade de Bassar. L’assistance a eu aussi droit à la dégustation des mets locaux.
Le ministre de la Culture et du Tourisme, Kossi Denyo LAMADOKOU explique que la fête D’pontre/n’nidak symbolise la volonté de deux peuples frères, les bassar et konkomba, de mieux fraterniser et de fédérer leur force pour le développement de leur préfecture respective. Parlant des sites touristiques de métallurgie de Nangbani, Bitchabé et Bandjéli de cette localité, il a mentionné leur aménagement en vue de leur inscription au patrimoine mondial.
Pour le ministre, ce patrimoine historique et culturel témoigne de l’ingéniosité et la dextérité des ancêtres dans le travail du fer pendant des siècles. Il rappelle que c’est un précieux patrimoine commun à préserver et à valoriser, appelant la communauté à une attitude citoyenne, à l’union pour accompagner la réception des travaux et l’ouverture prochaine de ces sites et infrastructures au tourisme de masse.
Zoum sur la préfecture de Bassar
La préfecture de Bassar est située au sud-ouest de la région de la Kara. Elle est limitée au nord par la préfecture de Dankpen, au nord-est par la préfecture de la Kozah, à l’est par la préfecture d’Assoli, au sud-ouest par les préfectures de Sotouboua et de Mô et à l’ouest par le Ghana. Bassar couvre une superficie de 3.410 km2 avec une population estimée en 2023 à 152.065 habitants dont 73.830 femmes. La préfecture regroupe plusieurs ethnies entre autres, les bassar, konkomba, kabyè, peulhs, kotocoli, losso et moba.
Le grand Bassar s’exprime par sa légendaire et mystérieuse danse du feu dénommée T’bol, inscrite sur la liste indicative de l’UNESCO. Loin d’être une simple danse, T’bol est un rite initiatique à plusieurs étapes. Le processus du rite engendre un devin appelé « Oubo » dont le rôle est de sauver les vies humaines par la guérison et de résoudre les problèmes de sa société à travers la divination.
Le grand Bassar est riche d’un patrimoine très varié. En Afrique de l’ouest, la préfecture de Bassar fait partie des centres de production du fer les plus anciens. La sidérurgie y débute au 5e siècle et les plus importants environ 50.000 tonnes de fer ont été produites dans différents ateliers de Bassar durant le 11e millénaire. Depuis le début du XXe siècle de nombreux chercheurs se sont attachés à étudier cette activité. Ces productions ont servi à la fabrication des outils usuels, armes et rituels du quotidien des Bassar. Le site de la métallurgie est en route pour son inscription sur la liste du patrimoine mondiale de l’UNESCO. Farrida OURO-ADOÏ