Lomé, 5 Septembre 2024 – Les peuples Bassar et Konkomba célèbrent le samedi 7 septembre, la 60e édition de leur fête traditionnelle « D’pontre/N’nidak » à Guérin-Kouka, dans la préfecture de Dankpen.
Cette fête qui tire son origine depuis la naissance de ces deux peuples se déroule en deux phases notamment le rituel et le festif. Elle est célébrée le premier samedi du mois de septembre chaque année alternativement entre les Bassar et les Konkomba de Dankpen. La fête des ignames en pays Bassar et Konkomba constitue, également, des moments de retrouvailles, de communion avec les mânes des ancêtres. Elle est, aussi, une occasion de valoriser la richesse et le patrimoine culturel du Grand Bassar.
Ce rendez-vous culturel annuel mobilise les natifs de ces milieux résidant au Togo et la diaspora ainsi que les concitoyens des autres préfectures et de nombreux curieux et touristes. « D’pontre/N’nidak » fait revivre une diversité de danses culturelles et constitue une occasion pour ces deux communautés d’apprécier le fruit de leur dur labeur de l’année et d’en offrir les prémices aux Dieux, en signe de reconnaissance.
Les noms « D’pontre » en Bassar et « N’nidak » des Konkomba de Dankpen signifient goûter à une nouvelle chose, qui est l’igname. Ce moment culturel et festif permet à ces peuples de témoigner leur reconnaissance aussi à Dieu et aux mânes des ancêtres pour les nouvelles récoltes et offre l’opportunité de retrouvailles entre les fils et filles de ces deux préfectures.
Les rites
M. Tagone Oudjayome, une personne ressource explique que « le Konkomba doit observer le rite appelé N’nidak ou le goûter de la nouvelle chose avant de consommer la nouvelle igname et que certaines cérémonies doivent se faire avant N’nidak. Le jour de la fête, ces rituels sont observés au domicile par chaque chef de famille. Ils nécessitent le bouc noir, une pintade noire, un coq noir, plus la farine de mais, de l’eau, une calebasse sur laquelle on sacrifie ces animaux pour les jumeaux ou des enfants nés avec six doigts ou orteils », a-t-indiqué. M. Tagone a relevé que tous ces rites visent à remercier les dieux et les mânes des ancêtres pour la réussite de la moisson. Selon ses explications, celui qui ne le ferait pas aura des malheurs, mais celui qui le fait aura davantage de bénédictions.
L’igname, un tubercule d’union, de fraternité et de paix
Le jour de la fête, le peuple Bassar et Konkomba se mobilisent pour offrir un beau spectacle, l’expression de leur identité culturelle. Cette fête constitue la plus grande fête de ces deux préfectures. Elle est une fête de fraternité, d’amour et de paix puisqu’elle draine tous les fils et fille de ces deux préfectures ainsi que les curieux.
Pour M. Benté, l’ancien président de la délégation spéciale de la préfecture de Dankpen, après avoir planté son igname, l’on doit implorer la bénédiction d’une divinité pour que la saison soit bonne, c’est la raison pour laquelle le peuple Konkomba exprime sa fierté et sa satisfaction à travers diverses manifestations le jour de la fête. « Chaque famille, à la veille, ramène de son champ, la nouvelle igname et tôt le matin, chacun la sort avec une volaille ou une bête et la boisson pour des rituelles pour la divinité qu’il avait implorée pour bénir son champ d’igname dans le but d’honorer ses engagements », a-t-il poursuivi.
L’igname, un produit sacré pour les peuples Bassar et Konkomba
Le tubercule d’igname est un produit agricole de première nécessité pour ces deux peuples. M. Benté a précisé que « si vous êtes un Konkomba marié et vous n’avez pas un champ d’igname, c’est comme vous n’existez pas » et que lorsqu’un jeune Konkomba veut se détacher de sa famille parce qu’il a l’âge de se marier, son père, ses frères ou l’oncle l’invitent et lui disent : « comme tu as l’âge de te marier et tu veux te détacher, je te donne quelques boutures d’ignames pour commencer le champ ». Si vous n’êtes pas encore prêt à vous marier, vous travaillez toujours pour votre père, vous dépendez de lui.
En prélude aux manifestations de cette fête, plusieurs activités sont inscrites au programme, entre autres, des messes catholiques, prières protestantes, musulmanes, cérémonies rituelles au palais royal dans les deux préfectures. Atop